Depuis plusieurs mois, les professionnels de Santé tirent la sonnette d’alarme : dans toute l’agglomération toulousaine, la pénurie de médecins généralistes guette!

Le 15 novembre dernier, lors de la séance des Questions orales au Sénat, j’ai donc dressé un état des lieux de la situation et interpellé le Gouvernement sur les dispositions qu’il compte prendre pour lutter contre cette désertification médicale annoncée.

Retrouvez ci-dessous mon échange avec Ségolène Neuville, secrétaire d’État auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé :

Brigitte Micouleau – Une étude sur la démographie médicale réalisée en avril 2016 par le Conseil départemental de l’ordre des médecins de Haute-Garonne démontre que le manque de médecins généralistes ne concerne plus seulement les zones rurales, mais aussi l’aire urbaine de Toulouse.

Le nombre de généralistes a baissé de 15 % dans l’agglomération toulousaine entre 2007 et 2015, et plus des deux tiers de ceux qui sont aujourd’hui en activité ont plus de 55 ans… Ce qui signifie que 300 médecins sont amenés à prendre leur retraite au cours des 10 prochaines années.

Conséquence, si rien n’est fait, d’ici dix ans, il manquera alors plus de 200 praticiens.

Le président du Conseil départemental de l’ordre reçoit tous les jours des appels au secours de médecins qui ne trouvent pas de successeur, toutes les semaines des courriers de patients qui ne trouvent pas de médecin traitant. Depuis septembre, le quartier dynamique de Borderouge ne compte plus qu’un généraliste pour 25 000 habitants !

On connaît les causes du phénomène : flambée des prix de l’immobilier, poids excessif de la réglementation, crainte d’exercer dans des quartiers dits sensibles, découragement de la fibre libérale, insuffisante prise en compte des évolutions du corps médical. Rares sont en effet, les jeunes médecins qui veulent aujourd’hui rester toute leur carrière dans le même cabinet. Beaucoup préfèrent le temps partiel, le salariat…

Comment le Gouvernement entend-il inverser la tendance et lutter contre la désertification médicale ?

Ségolène Neuville, secrétaire d’État auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion – Je vous prie d’excuser Mme Touraine. Face à la désertification médicale, il n’y a pas de réponse unique.

L’accès aux soins et la réduction des inégalités territoriales constituent une priorité du Gouvernement, qui a lancé, dès 2012, le Pacte territoire santé : une politique pragmatique, incitative, composée d’un ensemble de mesures qui se renforcent mutuellement. Plus de 1 750 médecins et dentistes en formation ont signé un contrat d’engagement de service public, par lequel ils s’engagent, en contrepartie d’une bourse, à s’installer pour une durée équivalente dans un territoire manquant de professionnels.

Le contrat de praticien territorial concerne, lui, plus de 660 médecins. La convention médicale prévoit désormais une aide de 50 000 euros à l’installation en zone sous-dense. Des maisons de santé pluridisciplinaires sont aussi créées, car les médecins ne souhaitent plus s’installer seuls. Une maison de santé universitaire ouvrira bientôt ses portes à Toulouse, avec un professeur d’université et deux chefs de clinique : elle servira de centre de formation pour les étudiants et sera un moteur de la recherche en soins ambulatoires. Tous les territoires d’intervention ciblés par les ARS sont concernés par ces mesures, et non les seuls territoires ruraux.

Brigitte Micouleau – C’est un bon début, mais il faut aller plus loin. Les professionnels ont besoin de sentir que l’État est à leurs côtés. Au-delà des mesures conjoncturelles, il faut des mesures structurelles pour répondre durablement à la crise. Outre les généralistes, nous manquons aussi de pédiatres, de gynécologues, d’ophtalmologistes…